L’été, des bandes de jeunes se défient au fil des semaines, à sauter toujours plus haut, coûte que coûte, même lorsque la Méditerranée déferle. Mais pourquoi cette obsession ?
Je m’intéresse ici à ce lieu de confrontation, où seules vagues et pesanteur font loi, où l’on cherche à y mesurer ses limites pour frôler la vie ; quête ordalique comme moyen de transcendance et de libération ; rite initiatique autodéterminé, plongée délibérée dans l’inconnu pour faire face à l’anxiété d’un futur incertain.
Cette recherche de vertige est notamment conceptualisée par le sociologue Roger Caillois sous le terme “ilinx”, nom grec désignant le tourbillon d’eau, et définissant une “tentative de détruire pour un instant la stabilité de la perception et d’appliquer à la conscience une sorte de panique voluptueuse. […] accéder à une sorte de spasme, de transe, ou d’étourdissement qui anéantit la réalité avec une souveraine brusquerie.”
Ces jeunes, suspendus entre tourment et extase, agitation et contemplation, cherchent ainsi à tracer leur chemin au sein du vertige, et par cet instant de suspension, acquérir un sentiment intime de maîtrise, de toute-puissance, de sortie de soi.
Peut-être aussi répondent-ils à une quête de sensations immémoriales, la volonté de vivre à nouveau la puissance des forces élémentaires, pour se rappeler que l’on fait partie d’un tout. Ils s’ancrent ainsi dans l’immensité des éléments pour retrouver leur liberté. La lumière et les flots les lavent des stigmates du béton, leur remémorant leur relation première et ancestrale au monde. Ils se déplient ainsi avec l’éternité, nous invitant à prendre conscience que nous aussi, portons au fond de nous cette empreinte des origines.
Marseille l’été, des bandes de jeunes affluent de par la ville, en bus, scooter, trottinettes. Ils se retrouvent sur la Corniche Kennedy, ou alors dans les calanques de Samena, Sugiton et des Goudes, se défiant au fil des semaines, à sauter toujours plus haut, coûte que coûte, même lorsque la Méditerranée déferle. Mais pourquoi cette obsession ?
C’est peut-être un lieu de confrontation, où seules vagues et pesanteur font loi, et l’on cherche à y mesurer ses limites pour frôler la vie, comme un rite de passage à l’âge d’homme. Peut-être aussi répondent-ils à une quête de sensations immémoriales, la volonté de vivre à nouveau la puissance des forces élémentaires, pour se rappeler que l’on fait partie d’un tout.
Ces corps s’ancrent dans l’immensité des éléments pour retrouver leur liberté. La lumière et les flots les lavent des stigmates du béton, leur remémorant leur relation première et ancestrale au monde. Ils se déplient ainsi avec l’éternité, nous invitant à prendre conscience que nous aussi, portons au fond de nous cette empreinte des origines.